Prix d'interprétation féminine Darling Légitimus

Cette année, le prix d'intéprétation féminine du Festival CinéBanlieue sera nommé Darling Légitimus. À cette occasion, le festival diffusera le documentaire Darling Légitimus, notre grand-mère, notre doudou de Pascal Légitimus et le film d'Euzhan Palcy Rue Cases-Nègres qui lui vaudra la Coupe Volpi de la meilleure actrice à la 40e Mostra de Venise en 1983. Retour sur son parcours. 

Darling Légitimus est née en 1907 en Martinique. Elle passe son enfance au Venezuela, élevée par un oncle qui travaille à l’ambassade de France à Caracas. Désireuse de se lancer dans une carrière artistique, elle s’embarque pour la France à l’insu de son oncle à l’âge de 14 ans. À Paris, elle rencontre Étienne Légitimus, administrateur du Théâtre des Champs-Élysées et fils du député guadeloupéen Hégésippe Jean Légitimus. Ils auront ensemble cinq enfants. Fascinée par le talent de Joséphine Baker qu’accompagne le musicien Sydney Bechet, elle parvient à se faire engager dans la troupe de la Revue Nègre. Elle pose aussi pour le peintre Pablo Picasso, l’affichiste Paul Colin, le sculpteur Paul Belmondo. Elle partage son temps entre ses enfants, les cabarets avides de la musique afro-cubaine pour lesquels elle compose biguines et mazurkas, et le cinéma où elle tourne notamment sous la direction de Sacha Guitry. Pendant la guerre, elle refuse de travailler avec l’occupant et se consacre avec son mari à la solidarité avec les Antillais en difficulté. Sa carrière artistique prend un nouveau départ au début des années 50 tant au théâtre qu’au cinéma. Son nom est au générique du Salaire de la peur de Clouzot, du Napoléon de Guitry, du Feu Follet de Louis Malle, du Dernier tango à Paris de Bertolucci. Sur les planches, elle joue dans Les Nègres de Jean Genet mis en scène par Roger Blin, La tragédie du roi Christophe d’Aimé Césaire ou Toussaint Louverture d’Édouard Glissant. Elle est de l’aventure de la Compagnie des Griots, une troupe d’acteurs noirs menée par Robert Liensol. Le réalisateur Jean-Christophe Averty la dirige, pour la télévision, dans une adaptation de la Bible qui fait scandale : diffusée le soir de Noël 1964, tous les personnages sacrés y sont interprétés par des Africains et des Antillais. En 1983, la Mostra de Venise consacre son talent  en lui décernant son grand prix d’interprétation féminine pour son rôle de M’man Tine dans le film Rue Cases-Nègres d’Euzhan Palcy. La doyenne des artistes noirs francophones est une mémoire du music-hall et du cinéma. Son franc-parler, son humour et son dynamisme sont un enchantement pour tous ceux qui ont eu le privilège de la rencontrer. En 1996, son petit-fils, Pascal Légitimus, lui a consacré un documentaire qui retrace sa vie et rend hommage à son talent à travers de nombreux témoignages. 

 

Crédit photo : Harcourt Studio Paris

 

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